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LA GRANDE PEUR

mais sans accroissement dans la force du jour. Clou venait de disparaître derrière les quartiers de roc ; Barthélemy regarde encore autour de lui : c’était comme quand on regarde à travers des lunettes noires. Deux têtes et deux dos étaient toujours posés un peu au-dessous de Barthélemy dans le haut d’un talus, puis une des bêtes a poussé encore un long appel exprimant la peur. Et l’heure passait.

Barthélemy était rentré dans le chalet. Dans le chalet, Barthélemy, agenouillé devant son lit, faisait ses prières.

C’est ce qu’on aurait vu, si on était entré dans le chalet ; on aurait vu aussi, en sortant, que le maître et son neveu n’étaient plus à leur ancienne place, — la seule chose qui se passa encore ce jour-là.

C’était le neveu qui avait tiré son oncle par la manche, tout en faisant des gestes de l’autre main du côté de la vallée ; et l’oncle d’abord avait cédé, l’oncle d’abord s’était laissé faire ; le neveu lui parlait, et lui l’avait alors suivi, pendant que le neveu continuait de faire des mouvements devant lui avec le bras.

Et le maître s’est laissé ainsi tirer par son neveu jusqu’à l’entrée du pâturage, après