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XV

Lui faisait quelques pas, et il était au cœur de la nuit. Il venait d’entrer dans le bois, il ne savait plus s’il existait seulement, tellement toute sa personne était supprimée, de sorte qu’il lui fallait aller chercher son corps avec sa main ; il devait promener sa main sur les habits couvrant son corps, sur le drap rêche, sur les boutons, sur les revers des poches, sur la toile de sa chemise.

Ainsi il était là, un instant, et il existait un instant, puis il n’y avait plus de nouveau que le pur esprit de sa pensée, se demandant : « Où est-ce que je suis ? qu’est-ce que je fais ? » tandis que lui-même grimpait de nouveau à la pente dans le bois, puis il faisait halte.

Au-dessous de lui, entre les arbres, c’était comme si toutes les étoiles qu’il n’y avait