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LA GRANDE PEUR

d’abord, on était allés en arrière, puis on a été portés en avant. On a vu que Compondu avait manqué son coup. On a vu que Sébastien lui avait sauté dessus. Compondu tombe à la renverse. Et, nous, on est donc portés en avant, puis voilà que toutes les croix qui étaient là, toutes ces vieilles croix, plus très bien enracinées, sont venues hors de terre, pendant qu’on entendait : « Bien fait ! » on entendait : « Vas-y, Sébastien ! on arrive ! »

Compondu avait pu se relever, malgré le sang qui lui coulait sur la figure et dans sa barbe ; il se jette à son tour sur Sébastien, mais on était venus ; il reçoit trois ou quatre coups de croix sur la tête.

Il tenait Sébastien par le cou ; il tombe avec Sébastien et avec nous.

Le Président reçoit un coup qui lui fend le front.

À ce moment, on avait recommencé à sonner. À ce moment, comme c’est la coutume, on a recommencé à sonner ; et nous c’était sous la croix de pierre, puis ce fut plus en arrière, parce que Compondu avait réussi à ramper jusqu’à la grille sur les mains et sur les genoux. Ce fut sous le clocher, pendant qu’on sonnait là-haut pour les morts encore une fois : ceux du parti du