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LA GRANDE PEUR

nuit sans vent ; on écoutait encore, il ne venait toujours rien. De sorte que, par contraste, à l’intérieur du chalet le craquement du feu commençait à être un grand bruit, ou bien quand on déplace le pied ou bien on tousse ou bien on crache. De sorte qu’également le petit bruit qu’a fait ensuite Barthélemy a été un grand bruit ; quand il a dit : « Oui, oui, » puis de nouveau il hoche la tête, et : « Oui, oui, » dans sa barbe, à cause sans doute de ce discours qu’il se tenait toujours en dedans. Les hommes se tournèrent vers lui. Il hocha alors la tête ; puis on le vit qui avançait un peu ses mains, avançant dans le même moment sa barbe. Et le maître :

— Alors quoi ? ça vous tient toujours ?

Tout à coup, il y a eu la voix du maître qui était venue, et elle vous a fait peur, mais elle vous rassurait en même temps. Elle avait ramené la vie. Ils se déplacèrent tous, bougeant leurs genoux, leurs coudes, leurs bras, leurs pieds, rompant ainsi la trop grande immobilité de leur corps ; alors aussi le feu a jeté une flamme plus vive qui les éclaire de nouveau, pendant que les ombres couraient à côté des objets sur la