Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/231

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dormait ; il se dit : « Il ne faut pas la déranger. »

Et il se tourna seulement encore un peu pour la mieux voir.

À présent, je vois ses cheveux. Je regarde comment elle est toute. Elle a les lèvres grosses, j’aime ; on était bien.

Quelque chose se mettait à chanter en lui qu’il n’aurait peut-être pas su exprimer avec des mots, mais un chant montait quand même à sa bouche, sans mots écrits, et le chant était :

« Tu as les lèvres grosses, j’aime. Tu as la peau tendue, tu as les coudes grenus… »

« Quand on la tient on a les bras remplis, comme quand on tient une gerbe. On t’a tenue, on avait les bras pleins. »

Quelque chose lui chante et il laisse chanter. Et puis il retire tout à fait son bras, il s’assied ; il continue :