Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentir, voilà l’odeur, les fleurs, le demi-jour ; elle ne va pas rester là plus longtemps, puisque c’est inutile, et puis elle ne pourrait pas ; elle s’est levée…

Où aller ?

Je suis entre les vivants et les morts ; j’ai peur des vivants et j’ai peur des morts.

Est-ce que je suis vivante ou morte ?

Ah ! si seulement tout pouvait finir, de façon qu’il y eût de nouveau unité ; quand tout est mort, il n’y a plus de mort.

Le ciel, les montagnes, les eaux, ce qui est dans le ciel, ce qui est dans les eaux : si tout seulement pouvait finir et cesser d’être, pour mieux être, et moi je serais de nouveau parmi tout, au lieu que je suis plus nulle part, et ne suis plus rien, pas même une voix, pas même un cri ; le cœur me monte et me descend tellement vite que je n’arrive plus à suivre.