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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/79

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héroïques, parce qu’un branchage encombrait la route ou parce que le mince cheveu de l’équilibre s’est rompu — et, durant qu’on se frotte les reins, on entend frémir le bois sous le vent doux et jaillir des chants d’oiseaux.

Le bruit d’un torrent éveille la soif. Ma camarade se penche sur ses bords frangés de neige, emplit un gobelet d’eau pure. Les yeux de la jeune fille, bleus comme des campanules, son teint verni au brun étrusque par le hâle de la journée, disent la joie de vivre. Elle rit ; le soleil oblique, à travers les branches, l’entoure d’un halo qui bouge. Puis, quand nous sortons du bois, cette fin de journée paisible, dorée, où la lumière décline sans effet théâtral, sans coloris violents, à l’horizon vaste et comme détendu…