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LE RAISIN VERT

Le voici enfin. M. Durras l’accompagne jusqu’à la barrière et le Corbiau détourne la tête et s’empourpre, parce qu’elle a vu son oncle mettre une pièce d’argent dans la main du docteur. Comment ose-t-il ?… Cela fait mal.

— Eh bien ! petite amie, que fait-on là ?

Prise au dépourvu, elle ne trouve à répondre que la simple vérité :

— Je vous attends.

— C’est gentil, cela. On veut savoir si ce grand garçon n’est pas trop malade, probablement ? Eh bien, il a une bonne insolation, mais c’est l’affaire de quelques jours. On va lui poser des sangsues.

— Des sangsues… Merci, docteur.

Elle devrait s’en aller, mais elle reste là, incertaine. N’a-t-il pas quelque chose à lui dire ? N’obtiendra-t-elle pas, enfin, son miracle ?

— Et vous, petite fille ? Je vous trouve un peu pâlotte, un peu maigriotte. On a grandi trop vite, hmm ? Montrez vos ongles… Oui. Il faut reminéraliser ce petit organisme. Vous direz à votre maman que le docteur Olivier vous a ordonné du glycérophosphate de chaux. Vous vous souviendrez ? Du glycérophosphate de chaux.

— Du glycérophosphate de chaux, répète une petite voix docile. Bien, docteur. Merci, docteur.

Cependant, il s’étonne, devant ce visage tendu vers lui, ces larges yeux dévorants, d’où monte un appel, une prière.

— Quoi donc, petite fille ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Vous avez quelque chose à me dire ? Vous ne vous sentez pas bien ?

— Mais si, docteur.

— Vous ne souffrez pas d’insomnies ? de vertiges ?

— Non, docteur.

— Pas de pesanteurs après les repas ? Vous digérez bien ?