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II


Les premières rumeurs de guerre trouvèrent les Durras au bord d’un lac savoyard, où ils s’apprêtaient à passer paisiblement l’été, dans une villa qu’ils avaient louée pour toute la durée des vacances.

M. Durras prit aussitôt le train pour Paris. Quand il revint, rapportant son uniforme d’officier de réserve et tout l’argent qu’il avait pu réaliser, il ne doutait plus de l’imminence du cataclysme et en accueillait l’approche avec autant de calme qu’il se comportait avec nervosité dans les circonstances ordinaires.

— Bien que toutes prévisions soient sujettes à caution, disait-il à sa femme et aux enfants rassemblés anxieusement autour de lui, je crois prévoir ce qui va se passer :

« Premier temps. — L’Allemagne, formidablement préparée, écrase en cinq sec la France qui ne l’est pas.

« Deuxième temps. — Elle se retourne contre la Russie rongée d’anarchie et d’ivrognerie et qui signe la paix.

« Troisième temps. — L’Angleterre, qui se réservait, tombe sur l’Allemagne, les États-Unis s’ébranlent et le Japon entre en guerre contre les États-Unis. Le monde en feu. Grand bien leur fasse ! Je ne serai probablement plus là pour les voir et si vous vivez encore, mes enfants, vous ne saurez plus ce que c’est