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LE RAISIN VERT

Ce pauvre avocat
Se trouva bien surpris
D’avoir tant étudié
Et n’avoir rien appris.
Dansons la polka, mesdames,
Dansons la polka…

— Je ne vois pas le rapport…, dit M. Durras, tout hérissé.

Septembre s’achevait, dans une douceur glauque et dorée. Il allait bientôt falloir songer à envoyer les enfants en classe et Isabelle n’envisageait pas sans un serrement de cœur cette première séparation.

Amédée ne paraissait pas s’en soucier, repris par son travail, appréciant l’agrément du logis et vivant parmi les siens sans les voir. Mais lorsque sa femme faisait le compte des vêtements de saison, des fournitures et des budgets scolaires, elle s’épouvantait de la masse de réalités qu’elle allait jeter sur cette inconscience et de la revanche dont elle ferait les frais, otage délégué par la nécessité auprès de ce rebelle qui n’admettait jamais sans combat la nature des choses.

Aussi recourut-elle à sa méthode ordinaire, qui consistait à le placer devant le fait accompli et s’enquit elle-même d’un établissement où envoyer les enfants.

La pension Rémusat, bâtie entre deux jardins et dirigée par une douce vieille fée à l’air un peu égaré et par sa fille aux allures de colonel mondain, lui parut offrir une transition heureuse entre la liberté des Bories et le lycée parisien où elle projetait d’envoyer les petites, un peu plus tard.

Pour Laurent, elle arrêta son choix sur le collège du Saint-Esprit, qui se trouvait à mi-chemin entre