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LA MAISON DES BORIES

être qu’elle avait des secrets pour empêcher le feu de brûler.

« Toujours est-il qu’ils se seraient mis au feu pour elle, tous les trois, et qu’ainsi elle arrivait à calmer Laurent. Mais elle n’arrivait pas toujours à calmer Amédée et on pouvait se demander si Amédée, lui, aurait sauté dans le feu pour elle. Ce qui paraissait plus probable, mais c’était une supposition, c’est qu’Amédée aurait été content de la voir se mettre au feu pour lui et peut-être de l’entendre crier qu’elle brûlait, quitte à se mettre lui aussi à crier et à injurier le feu parce qu’il brûlait Isabelle, car c’était sa manière à lui de l’aimer et personne n’y pouvait rien. Mais on ne pouvait affirmer qu’Isabelle se serait mise au feu pour lui, en trouvant que le feu ne brûlait pas. Cela paraissait très peu probable, et on pouvait bien plutôt supposer qu’elle serait vivement sortie du feu en criant qu’il brûlait. Et il est bien évident qu’Amédée lui en aurait beaucoup voulu de trouver que le feu ne brûlait pas quand il s’agissait des enfants et qu’il brûlait quand il s’agissait de lui, mais cela, personne n’y pouvait rien et Amédée moins que personne. Il n’y avait donc qu’à supporter les choses comme elles étaient, mais cela n’empêchait pas Amédée de se mettre en colère et c’était une chose épouvantable. Et, somme toute, cette histoire de lettre n’aurait pas eu tellement d’importance, si on avait pu, tout simplement, en parler à l’oncle Amédée, lui demander de la lire tout haut et de dire ce qu’il avait répondu, au cas où il aurait répondu.

« Car supposez qu’il ait répondu à cette femme qui vivait maintenant au Mexique, c’est-à-dire, très, très loin — mais il y avait des bateaux et on finissait toujours par arriver. — Supposez qu’il ait répondu à cette femme qui était la mère du Corbiau Gentil et qui l’avait laissée pour s’en aller à l’étranger, lorsqu’elle était toute petite, — et c’est alors qu’Isabelle