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LA MAISON DES BORIES

La journée avait commencé, pour M. Durras, sous les plus heureux auspices.

Le matin même, il écrivit la dernière ligne de son ouvrage. Il ne lui restait plus qu’à classer les figures, dessinées hors texte et ce petit travail matériel lui parut un amusement.

À onze heures, le facteur lui remit un pli recommandé qui portait le cachet de Leipzig. C’était une lettre de l’éditeur allemand, lui annonçant la prochaine publication de la traduction de son ouvrage les Plis Hercyniens en France. Le tirage était presque entièrement souscrit d’avance, ajoutait l’éditeur, grâce à l’activité de M. Kürstedt et il y avait tout lieu d espérer que les autres ouvrages de l’éminent géologue rencontreraient la même faveur auprès du public allemand, si M. Durras consentait à les laisser publier aux mêmes conditions.

L’opportunité de cette lettre, qui semblait apporter un don de joyeux avènement à l’ouvrage à peine né, colora d’allégresse et d’espoir l’état de détente intellectuelle ou se trouvait Amédée, et ce fut une des rares circonstances de sa vie où il se représenta à lui-même sous l’aspect d’un homme heureux.

La lettre à la main il descendit l’escalier, rencontra Marie à qui il recommanda d’un ton cordial de faire un bon déjeuner, s’entendit demander en réponse, d’un air assez peu gracieux, « si Monsieur le trouvait donc habituellement mauvais », répliqua précipitamment : « Mais non, mais non », tout en pensant : « Quel caractère ! c’est un vrai malheur d’être aussi susceptible », appela les enfants qui arrivèrent tout inquiets et leur lut la lettre en présence de Mlle Estienne qui cambrait une taille plus distinguée et plus