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X


L’abbé Graslin revint enthousiasmé de son séjour au château de Luçon.

Il rapportait dans un panier une levrette anglaise de cinq mois au museau timide et futé, aux flancs étroits, d’un beige soyeux et comme poncé, qu’il avait nommée miss Hélyett. Miss Hclyett était un cadeau de la comtesse de Luçon.

En même temps que la chienne, l’abbé fit voir à ses amies de grandes photographies qui représentaient le comte et la comtesse au milieu de leurs chiens et de leurs chevaux. Le châtelain avait l’aspect d’un beau maître de manège, avec sa grosse moustache et ses yeux fins. Sa femme était de celles que la quarantaine façonne en déesses porteuses de cuirasses. Grande, le buste plein, bien moulée dans son amazone, elle riait à superbes dents, flattant d’une main les naseaux de sa jument tandis qu’elle embrassait de l’autre côté l’encolure d’un poulain dont les pattes grêles disparaissaient à partir du genou dans un manchon de poils bourrus. Ou bien, un bras levé, elle tenait en arrêt sa meute et l’expression passionnée des bêtes contrastait avec la rieuse placidité de cette Diane charolaise.

— Une femme épatante ! disait le curé, éperdu d’admiration. Elle s’y connaît en chevaux ! C’est