Page:Rauch - Plan nourricier ou Recherches sur les moyens à mettre en usage pour assurer à jamais le pain au peuple français, 1792.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le philosophe Mercier, qui a si constamment combattu les abus qui ont pendant tant de siècles affligé la patrie s’exprime ainsi à ce sujet : « Cette fameuse loi, qui devrait être le signal de la félicité publique, a été le signal de la famine ; elle s’est assise sur les gerbes des récoltes les plus fortunées ; elle a dévoré le pauvre à la porte des greniers qui croulaient sous l’abondance des grains. Un fléau moral jusqu’alors inconnu à la nation, lui a rendu son propre sol étranger et a montré dans le jour le plus horrible, la dépravation humaine. L’homme s’est montré le plus cruel ennemi de l’homme. Épouvantable exemple, aussi dangereux que le mal même. La loi enfin a consacré elle-même l’inhumanité particulière. Je crois beaucoup à la profonde humanité des écrivains qui ont été les fauteurs de cette loi ; elle fera peut-être du bien un jour ; mais ils doivent éternellement se reprocher d’avoir causé sans le vouloir, la mort de plusieurs milliers d’hommes, et les souffrances de ceux que la mort a épargnés. Ils ont été trop précipités ; ils ont tout vu, excepté la cupidité humaine