Aller au contenu

Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cuper les veilles ou les talens des grands artiſtes. Les princes eux-mêmes partageront la ſageſſe de leur ſiècle. La voix de la philoſophie ira réveiller au fond de leurs âmes des ſentimens trop long-tems aſſoupis, & leur inſpirera de l’horreur & du mépris pour une gloire ſanguinaire. Ils ſeront affermis dans ces idées par les miniſtres de la religion, qui, uſant du privilège ſacré de leur état, les traîneront au tribunal du grand juge, où ils auroient à répondre des milliers de malheureux immolés à leurs haines ou à leurs caprices. S’il étoit arrêté dans les décrets du ciel que les ſouverains persévéreront dans leur frénéſie, ces innombrables hordes d’aſſaſſins qu’on ſoudoie, jetteront leurs armes loin d’eux. Remplis d’une juſte horreur pour leur déteſtable métier, d’une profonde indignation pour l’abus cruel qu’on faiſoit de leurs bras & de leur courage, ils enverront leurs inſensés deſpotes vuider eux-mêmes leurs querelles.

Mon illuſion dura peu. Bientôt je penſai que les diſputes des rois ne finiroient non plus que leurs paſſions, & qu’elles ne pourroient ſe décider que par le fer. Je penſai