Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/114

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tugais s’ouvroient la route des Indes Orientales, & ſe rendoient les maîtres des épiceries & des manufactures qui avoient toujours fait les délices des nations policées, les Eſpagnols s’aſſuroient, par la découverte de l’Amérique, plus de tréſors que l’imagination des hommes n’en avoit juſqu’alors déſiré. Quoique les deux nations ſuiviſſent leurs vues d’agrandiſſement dans des régions bien séparées, il parut poſſible qu’on ſe rencontrât. Leur antipathie auroit rendu cet événement dangereux. Pour le prévenir, le pape fixa, en 1493, les prétentions reſpectives, par une ſuite de ce pouvoir univerſel & ridicule que les pontifes de Rome s’étoient arrogé depuis pluſieurs ſiècles, & que l’ignorance, idolâtre de deux peuples également ſuperſtitieux, prolongeoit encore pour aſſocier le ciel à leur avarice. Il donna à l’Eſpagne tout le pays qu’on découvriroit à l’Oueſt du Méridien, pris à cent lieues des Açores, & au Portugal tout ce qu’il pourroit conquérir à l’Eſt de ce Méridien. L’année ſuivante, les puiſſances intéreſſées convinrent, d’elles-mêmes, à Tordéſillas, de placer la ligne de démarcation à trois cens