Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/123

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duit à rien. Le chef de la colonie donne à ſon ſucceſſeur de quoi payer la place, mais il avoit reçu la même ſomme de ſon prédéceſſeur.

Cette colluſion a formé un ſyſtême ſuivi d’oppreſſion. On a exigé arbitrairement des impôts. Le revenu public s’eſt perdu dans les mains deſtinées à le recueillir. Un droit d’entrée de ſept pour cent ſur toutes les marchandiſes, a fait dégénérer le commerce en contrebande. Le cultivateur s’eſt vu forcé de dépoſer ſes récoltes dans les magaſins du gouvernement. On a pouſſé l’atrocité juſqu’à fixer la quantité de grains que ſes champs devoient produire, juſqu’à l’obliger de les fournir au fiſc, pour en être payé dans le tems & de la manière qu’il conviendroit à des maîtres oppreſſeurs. Les efforts que quelques adminiſtrateurs honnêtes ont fait dans l’eſpace de deux ſiècles pour arrêter le cours de tant de barbaries ont été inutiles, parce que les abus étoient trop invétérés pour céder à une autorité ſubordonnée & paſſagère. Il n’auroit pas moins fallu que le pouvoir ſuprême de la cour de Madrid, pour oppoſer une digue ſuffiſante au torrent de la cupidité