Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/125

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mais qui ſont d’un uſage univerſel ſur les bords du Gange.

XV. À quels dangers ſont exposées les Philippines.

Un établiſſement, qui n’a pas une baſe plus ſolide, peut être aisément renversé. Auſſi ne craint-on pas de prédire que les Philippines échapperont un peu plutôt, un peu plus tard à ſes poſſeſſeurs. Il ſuffira d’un petit nombre de réflexions, pour donner la force de l’évidence à ces conjectures.

Des navigateurs éclairés nous ont appris que les poſſeſſions Eſpagnoles, qui, dans ces contrées éloignées, avoient toujours été languiſſantes, le ſont devenues ſenſiblement davantage depuis 1768 que les Jéſuites en ont été bannis. Outre que l’immenſe domaine de ces miſſionnaires eſt tout-à-fait déchu de la fertilité où ils l’avoient porté ; les terres des Indiens qu’ils gouvernoient, les ſeules qui fuſſent paſſablement cultivées & où l’on trouvât quelques arts utiles, ſont retombées dans le néant d’où on les avoit tirées. Il eſt même arrivé que ces inſulaires, les moins pareſſeux de la colonie, ont eu à ſouffrir de la haine bien ou mal fondée qui pourſuivoit leurs guides.

Une plus grande calamité fondit ſur cet