Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/191

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Pour accélérer les progrès, toujours trop lents, d’une ſage légiſlation, d’une bonne éducation, il faudroit peut-être choiſir la province la plus féconde de l’empire, y bâtir des maiſons, les pourvoir de toutes les choſes néceſſaires à l’agriculture, attacher à chacune une portion de terre. Il faudroit appeler des hommes libres des contrées policées, leur céder en toute propriété l’aſyle qu’on leur auroit préparé, leur aſſurer une ſubſiſtance pour trois ans, les faire gouverner par un chef qui n’eut aucun domaine dans la contrée. Il faudroit accorder la tolérance à toutes les religions, & par conséquent permettre des cultes particuliers & domeſtiques, & n’en point permettre de public.

C’eſt de-là que le levain de la liberté s’étendroit dans tout l’empire : les pays voiſins verroient le bonheur de ces colons, & ils voudroient être heureux comme eux. Jeté chez des ſauvages, je ne leur dirois pas, conſtruiſez une cabane qui vous aſſure une retraite contre l’inclémence des ſaiſons ; ils ſe moqueroient de moi : mais je la bâtirois. Le tems rigoureux arriveroit, je jouirois de ma prévoyance ; le ſauvage le verroit, &