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Histoire philosophique
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dans le fond d’un cachot, il ſait bien que ce ne ſera pas la première fois que des tyrans ou des fanatiques y ont conduit la vertu, & qu’elle n’en eſt ſortie que pour aller ſur un échafaud. C’eſt lui qui échappe à la main du deſtin qui ne ſait par où le prendre, parce qu’il a brisé, comme dit le Stoïcien, les anſes par leſquelles le fort ſaiſit le foible, pour en diſpoſer à ſon gré.

XXXIII. L’Europe doit-elle continuer ſon commerce avec les Indes ?

Ceux qui voudront conſidérer l’Europe comme ne formant qu’un ſeul corps, dont les membres ſont unis entre eux par un intérêt commun, ou du moins ſemblable, ne mettront pas en problème ſi les liaiſons avec l’Aſie lui ſont avantageuſes. Le commerce des Indes augmente évidemment la maſſe de nos jouiſſances. Il nous donne des boiſſons ſaines & délicieuſes, des commodités plus recherchées, des ameublemens plus gais, quelques nouveaux plaiſirs, une exiſtence plus agréable. Des attraits ſi puiſſans ont également agi ſur les peuples qui, par leur poſition, leur activité, le bonheur de leurs découvertes, la hardieſſe de leurs entrepriſes, pouvoient aller puiſer ces délices à leur ſource ; & ſur les nations qui n’ont pu ſe les