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Histoire philosophique
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orientale de l’Afrique & par la mer Rouge ; de celui des Turcs, qui y entre par l’Arabie & par Baſſora ; de celui de Perſe, qui prend la double route de l’océan & du continent. Jamais celui que nous tirons des colonies Eſpagnoles & Portugaiſes ne groſſit cette maſſe énorme. En général, nous ſommes ſi éloignés d’envoyer de l’or dans les mers d’Aſie, que pendant long-tems nous avons porté de l’argent à la Chine, pour l’y échanger contre de l’or.

L’argent même que l’Inde reçoit de nous ne forme pas une auſſi groſſe ſomme qu’on ſeroit tenté de le croire, en voyant la quantité immenſe de marchandiſes que nous en tirons. Leur vente annuelle s’élève depuis quelque tems à cent ſoixante millions. En ſuppoſant qu’elles n’ont coûté que la moitié de ce qu’elles ont produit, il devroit être paſſé dans l’Inde pour leur achat quatre-vingts millions, ſans compter ce que nous aurions dû y envoyer pour nos établiſſemens. On ne craindra pas d’aſſurer, que depuis quelque tems toutes les nations réunies de l’Europe n’y portent pas annuellement au-delà de vingt-quatre millions. Huit millions ſortent