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Histoire philosophique
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de gens aveuglés par leurs préjugés, ont regardé juſqu’ici comme ſi ruineux, a été également utile, & à l’Eſpagne dont il a ſoutenu l’unique manufacture, & aux autres peuples, qui, ſans cela, n’auroient pu continuer à vendre, ni leurs productions, ni leur induſtrie. Le commerce des Indes ainſi juſtifié, il convient d’examiner s’il a été conduit dans les principes d’une politique judicieuſe.

XXXIV. L’Europe a-t-elle beſoin de grands établiſſemens dans les Indes pour y faire le commerce ?

Tous les peuples de l’Europe, qui ont doublé le cap de Bonne-Eſpérance, ont cherché à fonder de grands empires en Aſie. Les Portugais, qui ont montré la route de ces riches contrées, donnèrent, les premiers, l’exemple d’une ambition ſans bornes. Peu contens de s’être rendus les maîtres des iſles, dont les productions étoient précieuſes, d’avoir élevé des fortereſſes par-tout où il en falloit, pour mettre dans leur dépendance la navigation de l’Orient ; ils voulurent donner des loix au Malabar, qui, partagé en pluſieurs petites ſouverainetés jalouſes ou ennemies les unes des autres, fut forcé de ſubir le joug.

Les Eſpagnols ne montrèrent pas d’abord