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Histoire philosophique
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cipline, des princes, foibles, jaloux les uns des autres, toujours en guerre avec leurs voiſins ou avec leurs ſujets. Ils ne veulent pas voir, que s’ils s’enfonçoient dans les profondeurs de l’Inde, ils auroient tous péri avant d’être arrivés au milieu de leur carrière. La chaleur exceſſive du climat, les fatigues continuelles, des maladies ſans nombre, le défaut de ſubſiſtances, cent autres cauſes d’une mort inévitable, réduiroient les conquérans à rien, quand même les troupes qui les harceleroient ne leur feroient courir de dangers d’aucune eſpèce.

Suppoſons cependant, ſi l’on veut, que dix mille ſoldats Européens ont parcouru, ont ravagé l’Inde d’un bout à l’autre : qu’en réſultera-t-il ? Ces forces ſuffiront-elles pour aſſurer la conquête, pour contenir chaque peuple, chaque province, chaque canton ; & ſi elles ne ſuffiſent pas, qu’on nous diſe de quelle augmentation de troupes on aura beſoin ?

Qu’on admette la domination ſolidement établie, la ſituation du conquérant ne ſera pas beaucoup meilleure. Les revenus de l’Indoſtan ſeront abſorbés dans l’Indoſtan même.