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Histoire philosophique
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leurs foyers, n’a jamais inſpiré aux plus hardis d’entre eux, que quelques mouvemens paſſagers d’une intrépidité bouillante. Des intérêts étrangers & ruineux pour leur patrie, éleveront-ils leur âme avilie & corrompue ? Ne doit-on pas plutôt préſumer qu’ils ſeront toujours dans la diſpoſition prochaine de trahir une cauſe odieuſe, qui ne leur offrira aucun avantage permanent & ſenſible ?

À ces inconvéniens, ſe joindra un eſprit de concuſſion & de rapine, qui, même dans les tems les plus calmes de la paix, ne différera que peu des ravages de la guerre. Les agens, chargés de ces intérêts éloignés, voudront accumuler rapidement des richeſſes. Les gains lents & méthodiques du commerce, ne leur paroitront pas dignes de leur attention, & ils précipiteront des révolutions qui mettront à leurs pieds des lacs de roupies. Leur audace aura fait des maux ſans nombre ; avant que l’autorité, éloignée de ſix mille lieues, ſe ſoit occupée des ſoins de la réprimer. Les réformateurs ſeront impuiſſans contre des millions, ou ils arriveront trop tard pour