Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/335

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de cette fluctuation continuelle, les unes s’étendront, d’autres ſeront reſſerrées, & la balance penchera alternativement d’un côté & de l’autre, ſans être jamais renversée. Le fanatiſme de religion & l’eſprit de conquête, ces deux cauſes perturbatrices du globe, ne ſont plus ce qu’elles étoient. Le levier ſacré, dont l’extrémité eſt ſur la terre & le point d’appui dans le ciel, eſt rompu ou trés-affoibli. Les ſouverains commencent à s’apercevoir, non pour le bonheur de leurs peuples, qui les touche peu, mais pour leur propre intérêt, que l’objet important eſt de réunir la sûreté & les richeſſes. On entretient de nombreuſes armées, on fortifie nos frontières, & l’on commerce.

Il s’établit en Europe un eſprit de trocs & d’échanges, qui peut donner lieu à de vaſtes ſpéculations dans les têtes des particuliers : mais cet eſprit eſt ami de la tranquilité & de la paix. Une guerre, au milieu des nations commerçantes, eſt un incendie qui les ravage toutes. Le tems n’eſt pas loin, où la ſanction des gouvernemens s’étendra aux engagemens particuliers des ſujets d’un peuple avec les ſujets d’un autre, & où ces ban-