Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/340

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déſeſpoir, & inſpira à celles qui étoient encore libres, une horreur extrême pour un joug ſi dur. Ces diſpoſitions déterminèrent les unes & les autres à accepter des ſecours auſſi funeſtes que leurs maux étoient cruels. L’Eſpagne devint un théâtre de jalouſie, d’ambition & de haine entre Rome & Carthage.

Les deux républiques combattirent avec beaucoup d’acharnement, pour ſavoir à qui l’empire de cette belle portion de l’Europe appartiendroit. Peut-être ne ſeroit-il reſté ni à l’une, ni à l’autre, ſi les Eſpagnols, ſpectateurs tranquilles des événemens, euſſent laiſſé le tems aux nations rivales de ſe conſumer. Mais pour avoir voulu être acteurs dans ces ſcènes ſanglantes, ils ſe trouvèrent eſclaves des Romains, & continuèrent l’être juſqu’au cinquième ſiècle.

Bientôt la corruption des maîtres du monde inſpira aux peuples ſauvages du Nord, l’audace d’envahir des provinces mal gouvernées & mal défendues. Les Sueves, les Alains, les Vandales, les Goths, paſſèrent les Pyrénées. Accoutumés au métier des brigands, ces barbares ne purent devenir citoyens ; & ils ſe firent une guerre vive. Les Goths plus