Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/342

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les conquérans, & par la faute qu’ils firent de ſe donner des ſouverains particuliers dans toutes les villes conſidérables de leur domination.

Pendant ce tems-là, les Goths qui, pour ſe dérober au joug des Mahométans, avoient été chercher un aſyle au fond des Aſturies, ſuccomboient ſous le joug de l’anarchie, croupiſſoient dans une ignorance barbare, étoient opprimés par des prêtres fanatiques, languiſſoient dans une pauvreté inexprimable, ne ſortoient d’une guerre civile que pour entrer dans une autre. Trop heureux dans le cours de ces calamités, d’être oubliés ou ignorés, ils étoient bien éloignés de ſonger à profiter des diviſions de leurs ennemis. Mais auſſi-tôt que la couronne, d’abord élective, fut devenue héréditaire au dixième ſiècle ; que la nobleſſe & les évêques eurent perdu la faculté de troubler l’état ; que le peuple ſorti d’eſclavage eût été appellé au gouvernement, on vit ſe ranimer l’eſprit national. Les Arabes, preſſés de tous les côtés, furent dépouillés ſucceſſivement. À la fin du quinzième ſiècle, il ne leur reſtoit qu’un petit royaume.