Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/355

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caciques, d’autant plus abſolus, qu’ils étoient fort aimés. Ces peuples étoient plus blancs que ceux des autres iſles. Ils ſe peignoient le corps. Les hommes étoient entièrement nus. Les femmes portoient une ſorte de jupe de coton qui ne paſſoit pas le genou. Les filles étoient nues comme les hommes. Ils vivoient de maïs, de racines, de fruits & de coquillages. Sobres, légers, agiles, peu robuſtes, ils avoient de l’éloignement pour le travail. Ils couloient leurs jours ſans inquiétude & dans une douce indolence. Leur tems s’employoit à danſer, à jouer, à dormir. Ils montraient peu d’eſprit, à ce que diſent les Eſpagnols ; & en effet, des inſulaires séparés des autres peuples, ne devoient avoir que peu de lumières. Les ſociétés iſolés s’éclairent lentement, difficilement ; elles ne s’enrichiſſent d’aucune des découvertes que le tems & l’expérience font naître chez les autres peuples. Le nombre des haſards qui mènent à l’inſtruction eſt plus borné pour elles.

Ce ſont les Eſpagnols eux-mêmes, qui nous atteſtent que ces peuples étoient humains, ſans malignité, ſans eſprit de vengeance, preſque ſans paſſion.