Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/362

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qui le premier avoit reçu les Eſpagnols dans ſes états, réſolurent d’unir leurs forces pour briſer un joug qui devenoit chaque jour plus intolérable.

VII. Cruautés commiſes par les conquérans à S. Domingue. Ce qu’elles produiſent.

Colomb interrompit le cours de ſes découvertes pour prévenir ou pour diſſiper ce danger inattendu. Quoique la misère, le climat & la débauche euſſent précipité au tombeau les deux tiers de ſes compagnons ; quoique la maladie empêchât pluſieurs de ceux qui avoient échappé à ces fléaux terribles, de ſe joindre à lui ; quoiqu’il ne pût mener à l’ennemi que deux cens fantaſſins & vingt cavaliers, cet homme extraordinaire ne craignit pas d’attaquer, en 1495, dans les plaines de Vega-Real, une armée que les hiſtoriens ont généralement portée à cent mille combattans. La principale précaution qu’on prit fut de fondre ſur elle durant la nuit.

Les inſulaires étoient vaincus avant que l’action s’engageât. Ils regardoient les Eſpagnols comme des êtres d’une nature ſupérieure. Les armes de l’Europe avoient augmenté leur admiration, leur reſpect & leur crainte. La vue des chevaux les avoient ſurtout frappés d’admiration. Pluſieurs étoient