Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/365

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cordes tiroient principalement leur ſource des paſſions miſes en fermentation par un ciel ardent, & trop peu réprimées par une autorité mal affermie. On obéiſſoit au frère, au repréſentant de Colomb, lorſqu’il y avoit quelque cacique à détrôner, un canton à piller, des bourgades à exterminer. Après le partage du butin, l’eſprit d’indépendance redevenoit l’eſprit dominant : les haines & les jalouſies étoient ſeules écoutées. Les factions finirent par tourner leurs armes les unes contre les autres : elles ſe firent ouvertement la guerre.

Durant le cours de ces diviſions, l’amiral étoit en Eſpagne. Il y avoit paſſé pour diſſiper les accuſations qu’on ne ceſſoit de renouveler contre lui. Le récit de ce qu’il avoit fait de grand, l’exposé de ce qu’il ſe propoſoit d’exécuter d’utile, lui regagnèrent aſſez aisément la confiance d’Iſabelle. Ferdinand lui-même ſe réconcilia un peu avec les navigations lointaines. L’on traça le plan d’un gouvernement régulier qui ſeroit d’abord eſſayé à Saint-Domingue, & enſuite ſuivi, avec les changemens dont l’expérience auroit démontré la néceſſité, dans les divers établiſ-