Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/368

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auroit formé d’autres établiſſemens qui euſſent étendu la gloire, les richeſſes, la puiſſance de l’Eſpagne. Quelques années devoient amener ces événemens. Une idée peu réfléchie gâta tout.

Les malfaiteurs qui ſuivoient Colomb, joints aux brigands qui infeſtoient Saint-Domingue, formèrent un des peuples les plus dénaturés que le globe eût jamais portés. Leur aſſociation les mit en état de braver audacieuſement l’autorité ; & l’impoſſibilité de les réduire fît recourir aux moyens de les gagner. Pluſieurs furent inutilement tentés. Enfin on imagina, en 1499, d’attacher aux terres que recevoit chaque Eſpagnol, un nombre plus ou moins conſidérable d’inſulaires qui devroient tout leur tems, toutes leurs ſueurs à des maîtres ſans humanité & ſans prévoyance. Cet acte de foibleſſe rendit une tranquilité apparente à la colonie, mais ſans concilier à l’amiral l’affection de ceux qui en profitoient. Les plaintes formées contre lui furent même plus ſuivies, plus ardentes, plus appuyées, & plus accueillies qu’elles ne l’avoient encore été.

Cet homme extraordinaire achetoit bien