Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/38

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à celles dont vous avez décoré les monument de vos ſouverains. On n’y liroit pas les mêmes forfaits : mais on y en liroit d’autres ; & vous frémiriez encore.

J’écrirois ici, comme autrefois ſur la colonne de Pompée. À Pompée, après avoir maſſacré trois millions d’hommes. J’écrirois-là… Lâches, craignez-vous donc que vos maîtres ne rougiſſent de leur méchanceté ? Lorſque vous leur rendez de pareils hommages, comment peuvent-ils croire à votre malheur ? Comment ne le prendront-ils pas pour les idoles de vos cœurs, lorſque vous applaudiſez par vos acclamations à la baſſeſſe des courtiſans ?

Mais les nations me répondent. « Ces monumens ne ſont pas notre ouvrage. Jamais nous n’aurions penſé à conféré les honneurs du bronze à un tyran qui nous tenoit plongés dans la miſère, & à qui notre profond ſilence annonça tant de fois l’indignation dont nous étions pénétrés, lorſqu’il traverſoit en perſonne l’enceinte de notre ville. Nous ! nous ! nous aurions été allez inſensés pour aller dépoſer dans un moule le reſte du ſang