Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/403

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avoit perdu ſon artillerie, ſes munitions, ſes bagages, ſon butin, cinq ou ſix cens Eſpagnols, deux mille Tlaſcaltèques, & à laquelle il ne reſtoit preſque pas un ſoldat qui ne fût bleſſé, ſe remettoit en marche. On ne tarda pas à la pourſuivre, à la harceler, à l’envelopper enfin dans la vallée d’Otumba. Le feu du canon & de la mouſqueterie, le fer des lances, & des épées n’empêchoient pas les Indiens, tout nus qu’ils étoient, d’approcher, & de ſe jeter ſur leurs ennemis avec une grande animoſité. La valeur alloit céder au nombre, lorſque Cortès décida de la fortune de cette journée. Il avoit entendu dire que dans cette partie du Nouveau-Monde, le ſort des batailles dépendoit de l’étendard royal. Ce drapeau, dont la forme étoit remarquable, & qu’on ne mettoit en campagne que dans les occaſions les plus importantes, étoit aſſez près de lui. Il s’élance avec ſes plus braves compagnons, pour le prendre. L’un d’eux le ſaiſit & l’emporte dans les rangs des Eſpagnols. Les Mexicains perdent courage ; ils prennent la fuite en jettant leurs armes. Cortès pourſuit ſa marche, & arrive ſans obſtacle chez, les Tlaſcaltèques.