Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/441

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Ces refuges furent connus des anciens. Dans la Grèce encore à demi-barbare, on penſa que la tyrannie ne pouvoit être réfrénée que par la religion. Les ſtatues d’Hercule, de Thesée, de Pirithoiis parurent propres à inſpirer de la terreur aux ſcélérats, lorſqu’ils n’eurent plus à redouter leurs maſſues. Mais auſſi-tôt que l’aſyre inſtitué en faveur de l’innocence ne ſervit plus qu’au ſalut du coupable, aux intérêts & à la vanité des conſervateurs du privilège, ces retraites furent abolies.

D’autres peuples, à l’imitation des Grecs, établirent des aſyles. Mais le citoyen ne ſe jetoit dans le ſein des dieux que pour ſe ſouſtraire à la main armée qui le pourſuivoit. La, il invoquoit la loi ; il appelloit le peuple à ſon ſecours. Ses concitoyens accouroient. Le magiſtrat approchoit. Il étoit interrogé. S’il avoit abusé de l’aſyle, il étoit doublement puni. Il recevoit le châtiment & du forfait qu’il avoit commis, & de la profanation du lieu où il s’étoit ſauvé.

Romulus voulut peupler ſa ville, & il en fit un aſyle. Quelques temples devinrent des aſyles ſous la république. Après la mort de