Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/451

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pointes des feuilles ſervent de clous ou d’aiguilles ; les feuilles elles-mêmes ſont bonnes pour couvrir les toits ; on les fait auſſi l’eau, & l’on en retire un fil propre à fabriquer divers tiſſus.

Mais le produit le plus eſtimé du maguey eſt une eau douce & tranſparente qui ſe ramaſſe dans un trou creusé avec un inſtrument dans le milieu de la touffe, après qu’on en a arraché les bourgeons & les feuilles intérieures. Tous les jours, ce trou profond de trois ou quatre pouces ſe remplit, tous les jours on le vuide ; & cette abondance dure une année entière, quelquefois même dix-huit mois. Cette liqueur épaiſſie forme un véritable ſucre : mais mêlée avec de l’eau de fontaine & déposée dans de grands vaſes, elle acquiert au bout de quatre ou cinq jours de fermentation, le piquant & preſque le goût du cidre. Si l’on y ajoute des écorces d’orange & de citron, elle devient enivrante. Cette propriété la rend plus agréable aux Mexicains, qui, ne pouvant ſe conſoler de la perte de leur liberté, cherchent à s’étourdir ſur l’humiliation de leur ſervitude.

Auſſi eſt-ce vers les maiſons où l’on diſtribue