Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/483

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Monde, c’étoit celui où l’eſprit de ſociété avoit fait le plus de progrès. Tant d’avantages paroiſſent une ſuite du commerce de la cochenille.

Indépendamment de ce que conſomment l’Amérique & les Philippines, l’Europe reçoit tous les ans quatre mille quintaux de cochenille fine, deux cens quintaux de granille, cent quintaux de pouſſière de cochenille, & trois cens quintaux de cochenille ſyſveſtre, qui, rendus dans ſes ports, ſont vendus 8 610 140 liv.

Cette riche production n’a crû juſqu’ici qu’au profit de l’Eſpagne. M. Thiery, botaniſte François, bravant plus de dangers qu’on n’en ſauroit imaginer, l’a enlevée à Oaxaca même, & l’a tranſplantée à Saint-Domingue, où il la cultive avec une persévérance digne de ſon premier courage. Ses premiers ſuccès ont ſurpaſſé ſon attente, & tout porte à eſpérer que la ſuite répondra à de ſi heureux commencemens. Puiſſe ce genre de culture, puiſſent les autres s’étendre plus loin encore & occuper de nouvelles nations. Eh ! ne ſommes-nous pas tous frères ? enfans du même père, ne ſommes-nous pas appelés à une