Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/501

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à la majeſté du trône. Les hommes ajoutoient à ces profuſions des profuſions encore plus grandes pour des négreſſes qu’ils élevoient publiquement au rang de leurs maitreſſes, Ce luxe ſi effréné dans les actions ordinaires de la vie, paſſoit toutes les bornes à l’occaſion de la moindre fête. L’orgueil général étoit alors en mouvement, & chacun prodiguoit les millions pour juſtifier le ſien. Les crimes néceſſaires pour ſoutenir ces extravagances étoient effacés d’avance : la ſuperſtition déclaroit ſaint & juſte tout homme qui donneroit beaucoup aux égliſes.

Tout prit l’empreinte d’une oſtentation, inconnue juſqu’alors dans les deux hémiſphères. Les citoyens ne ſe contentèrent plus d’une habitation modeſte placée ſur des rues larges & bien alignées. Il fallut, à la plupart, des hôtels qui eurent plus d’étendue que de commodités ou d’élégance. On multiplia les édifices publics, ſans que preſqu’aucun rappelât à l’eſprit les beaux jours de l’architecture, pas même les bons tems gothiques. Les places principales eurent toutes la même forme, la même régularité, une fontaine ſemblable avec des ornemens de mauvais goût.