Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/516

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toit la ſupériorité que le ſexe le plus délicat avoit pris ſur le plus fort dans les Marianes. L’aſcendant y étoit tel, que les femmes jouiſſoient d’une puiſſance illimitée dans leur intérieur ; qu’on ne pouvoit diſpoſer de rien ſans leur aveu, & qu’elles avoient la libre diſpoſition de tout ; que dans aucun cas, même celui d’une infidélité publiquement connue, on n’étoit pas autorisé à manquer aux égards qui leur étoient dus ; que pour peu qu’elles jugeâſſent elles-mêmes qu’un époux n’avoit pas aſſez de douceur, de complaiſance & de ſoumiſſion, un nouveau choix leur étoit permis ; que ſi elles ſe croyoient trahies, elles pouvoient piller la cabane, couper les arbres du parjure, ou faire commettre ces dégâts par leurs parens ou par leurs compagnes.

Mais, comment des coutumes ſi bizarres avoient-elles pu s’établir & s’enraciner ? Si l’on en croit les relations anciennes ou modernes, les hommes de cet archipel étoient noirs, laids, mal faits ; ils avoient la plupart une maladie hideuſe de la peau, malgré l’uſage journalier du bain. Les femmes, au contraire, avoient un teint aſſez clair, des traits