Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/519

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La troiſième choſe remarquable dans les Marianes, c’étoit un proſſ ou canot, dont la forme ſingulière a toujours fixé l’attention des navigateurs les plus éclairés.

Ces peuples occupoient des iſles séparées par des intervalles conſidérables. Quoique ſans moyens & ſans déſir d’échanges, ils vouloient communiquer entre eux. Ils y réuſſirent avec le ſecours d’un bâtiment d’une sûreté entière, quoique très-petit ; propre à toutes les évolutions navales, malgré la ſimplicité de ſa conſtruction ; ſi facile à manier, que trois hommes ſuffiſoient pour toutes les manœuvres ; recevant le vent de côté, mérite abſolument néceſſaire dans ces parages ; ayant l’avantage unique d’aller & de venir, ſans jamais virer de bord & en changeant ſeulement la voile ; d’une telle marche qu’il faiſoit douze ou quinze milles en moins d’une heure, & qu’il alloit quelquefois plus vite que le vent. De l’aveu de tous les connoiſſeurs, ce proſſ appelle volant à cauſe de ſa légèreté, eſt le plus parfait bateau, qui ait jamais été imaginé ; & l’invention n’en ſauroit être diſputée aux habitans des Marianes, puiſqu’on n’en a trouvé le modèle dans aucune mer du monde.