Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/52

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vous voit mettre aucun terme à votre ambition ; & que plus vous êtes puiſſans, plus vous êtes impérieux ? Vous n’exigez pas ſeulement tout ce qu’il eſt de votre intérêt particulier d’obtenir ; votre orgueil va quelquefois juſqu’à demander ce qu’il ſeroit honteux d’accorder. Vous ne penſez pas qu’on n’avilit point un peuple ſans de facheuſes conséquences. Son honneur peut s’endormir pendant quelque tems : mais tôt ou tard, il ſe réveille & ſe venge ; & comme de toutes les injures l’humiliation eſt la plus offenſante, c’eſt auſſi la plus vivement ſentie & la plus cruellement vengée.

V. Établiſſement d’une compagnie des Indes à Oſtende.

LES lumières ſur le commerce & ſur l’adminiſtration, la ſaine philoſophie, qui gagnoient inſenſiblement d’un bout de l’Europe à l’autre, avoient trouvé des barrières inſurmontables dans quelques monarchies. Elles n’avoient pu pénétrer à la cour de Vienne qui ne s’occupoit que de projets de guerre & d’agrandiſſement par la voie des conquêtes. Les Anglois & les Hollandois attentifs à empêcher la France d’augmenter ſon commerce, ſes colonies & ſa marine, lui ſuſçitoient des