Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/547

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dans les mois de juillet ou d’août. Ce marché eſt entièrement ouvert, quoiqu’il eût été facile de le mettre à l’abri de toute inſulte. On le pouvoit d’autant plus aisément, que ſon entrée eſt retrécie par deux rochers élevés qui s’avancent des deux côtés à la portée du canon. Il eſt vraiſemblable que l’Eſpagne ne changera de conduite que lorſqu’elle aura été punie de ſa négligence. Rien ne ſeroit plus aisé.

Les vaiſſeaux qui entreprendroient cette expédition reſteroient en sûreté dans la rade. Mille ou douze cens hommes débarqués à Saint-Thomas, traverſeroient quinze lieues de montagnes où ils trouveroient des chemins commodes & des ſubſiſtances. Le reſte de la route ſe feroit à travers des plaines peuplées & abondantes. On arriveroit à Guatimala, qui n’a pas un ſoldat, ni la moindre fortification. Ses quarante mille âmes, Indiens, nègres, métis, Eſpagnols, qui n’ont jamais vu d’épée, ſeroient incapables de la moindre réſiſtance. Ils livreroient à l’ennemi, pour ſauver leur vie, les richeſſes qu’ils accumulent depuis trois ſiècles ; & la contribution ſeroit au moins de trente millions. Les