Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/556

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Si l’uſage continu que les femmes font du miroir dans nos contrées, ne montre que le déſir de plaire aux hommes, en ajoutant aux attraits qu’elles ont reçus de la nature, ce que l’art peut leur donner de piquant ; les hommes feroient à Yucatan les mêmes frais pour plaire aux femmes. Mais c’eſt un fait ſi bizarre qu’on peut le rejeter en doute, à moins qu’on ne l’étaie d’un fait plus bizarre encore, c’eſt que les hommes ſe livrent à l’oiſiveté, tandis que les femmes ſont condamnées aux travaux. Lorſque les fonctions propres aux deux ſexes ſeront perverties, je ne ſerai point étonné de trouver à l’un la frivolité de l’autre.

Yucatan, Honduras, Campêche n’offrirent pas aux dévaſtateurs du nouvel hémiſphère ces riches métaux qui leur faiſoient traverſer tant de mers. Auſſi négligèrent-ils, méprisèrent-ils ces contrées. Peu d’entre eux s’y fixèrent ; & ceux que le ſort y jeta ne tardèrent pas à contrarier l’indolence Indienne. Aucun ne s’occupa du ſoin de faire naître des productions dignes d’être exportées. Ainſi que les peuplades qu’on avoit détruites ou aſſervies, ils vivoient de cacao,