Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/560

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dans le golfe de Honduras, où ils furent joints par des vagabonds de l’Amérique Septentrionale. Ils parvinrent, avec le tems, à former un corps de quinze cens hommes. L’indépendance, le libertinage, l’abondance où ils vivoient, leur rendoit agréable le pays marécageux qu’ils habitoient. De bons retranchemens aſſuroient leur ſort & leurs ſubſiſtances ; & ils ſe bornoient aux occupations, que leurs malheureux compagnons gémiſſoient d’avoir négligées. Seulement ils avoient la précaution de ne jamais entrer dans l’intérieur du pays pour couper du bois, ſans être bien armés.

Leur travail fut ſuivi du plus grand ſuccès. À la vérité, la tonne qui s’étoit vendue juſqu’à neuf cens livres, étoit tombée inſenſiblement à une valeur médiocre : mais on ſe dédommageoit par la quantité de ce qu’on perdoit ſur le prix. Les coupeurs livroient le fruit de leurs peines ; ſoit aux Jamaïcains qui leur portoient du vin de Madère, des liqueurs fortes, des toiles, des habits ; ſoit aux colonies Angloiſes du nord de l’Amérique, qui leur fourniſſoient leur nourriture. Ce commerce toujours interlope, & qui fut