Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/68

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auxquels leur âge n’avoit pas permis de porter les armes. Le cri de la nation entière étoit pour ſa liberté, attaquée ſucceſſivement avec précaution, détruite par Charles XI, & dont l’ombre même avoit été ravie par l’infortuné monarque qui venoit de deſcendre au tombeau ſans poſtérité. Tous les ordres de l’état s’aſſemblèrent ; &, ſans abolir la royauté, ils rétablirent le gouvernement républicain, lui donnèrent même plus d’extenſion qu’il n’en avoit eu.

Aucune convulſion ne précéda, aucune diſcorde ne ſuivit cette grande révolution. Tous les changemens furent faits avec maturité. Les profeſſions les plus néceſſaires, ignorées ou avilies juſqu’alors, fixèrent les premiers regards. On ne tarda pas à connoître les arts de commodité ou d’agrément. La jeune nobleſſe alla ſe former dans tous les états de l’Europe qui offroient quelque genre d’inſtruction. Ceux des citoyens, qui s’étoient éloignés d’un pays, depuis longtems ruiné & dévaſté, y rapportèrent les talens qu’ils avoient acquis. L’ordre, l’économie politique, les différentes branches d’adminiſtration devinrent le ſujet de tous les