Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/137

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Elle nous commande. Elle nous traite comme ſes ſervantes ; & au moindre murmure qui nous échapperoit, une branche d’arbre levée…… Ah ! père, comment veux-tu que nous ſupportions cet état ? Qu’a de mieux à faire une Indienne que de ſouſtraire ſon enfant à une ſervitude mille fois pire que la mort ? Plût à Dieu, père ; je te le répète, que ma mère m’eût aſſez aimée pour m’enterrer lorſque je naquis ! Mon cœur n’auroit pas tant à ſouffrir, ni mes yeux à pleurer ».

XVIII. État de la colonie Eſpagnole, formée ſur les rives de l’Orenoque

Les Eſpagnols, qui ne pouvoient s’occuper de toutes les régions qu’ils découvroient perdirent de vue l’Orenoque. Ce ne fut qu’en 1535 qu’ils entreprirent de le remonter. N’y ayant pas trouvé les mines qu’ils cherchoient, ils le méprisèrent. Cependant le peu d’Européens qu’on y avoit jeté ſe livrèrent à la culture du tabac avec tant d’ardeur qu’ils en livroient tous les ans quelques cargaiſons aux bâtimens étrangers qui ſe préſentoient pour l’acheter. Cette liaiſon interlope fut proſcrite par la métropole, & des corſaires entreprenans pillèrent deux fois cet établiſſement ſans force. Ces déſaſtres le firent oublier. On