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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/200

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& graviſſant des rochers où les hommes ne ſauroient les ſuivre. Après quatre ou cinq jours de marche, ils prennent d’eux-mêmes un repos de vingt-quatre heures.

La nature les a faits pour les hommes du climat où ils naiſſent, doux, meſurés & flegmatiques comme les Péruviens. Pour s’arrêter, ils plient les genoux & baiſſent le corps avec la précaution de ne pas déranger leur charge. Au coup de ſifflet de leur conducteur, ils ſe relèvent avec la même attention & marchent. Ils broutent en chemin l’herbe qu’ils rencontrent, & ruminent la nuit, même en dormant, appuyés ſur la poitrine & les pieds repliés ſous le ventre. Le jeûne ni le travail ne les rebutent point, tandis qu’ils ont des forces : mais quand ils ſont excédés ou qu’ils ſuccombent ſous le faix, il eſt inutile de les harceler ou de les frapper : ils s’obſtinent juſqu’à ſe tuer en frappant de la tête contre la terre. Jamais ils ne ſe défendent, ni des pieds, ni des dents ; & dans la fureur de l’indignation, ils ſe contentent de cracher à la face de ceux qui les inſultent. Le paco eſt au lama, ce que l’âne eſt au cheval, une eſpèce ſuccurſale plus petite,