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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/203

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hommes les entourent & les pouſſent dans des défilés, à l’iſſue deſquels on a ſuſpendu des morceaux de drap ou de linge ſur des cordes élevées de trois ou quatre pieds. Ces lambeaux, agités par le vent, leur font tant de peur, qu’elles reſtent attroupées & ſerrées l’une contre l’autre, ſe laiſſant plutôt tuer que de s’enfuir. Mais s’il ſe trouve parmi les vigognes quelque guanaco qui, plus hardi, ſaute par-deſſus les cordes, elles le ſuivent & s’échappent.

Tous ces animaux appartiennent tellement à l’Amérique Méridionale & ſur-tout aux plus hautes Cordelières, qu’on n’en voit jamais du côté du Mexique, où ces montagnes s’abaiſſent conſidérablement. On a tenté de les naturaliſer en Europe ; mais ils y ont tous péri. Sans penſer que ces animaux au Pérou même cherchoient le plus grand froid, les Eſpagnols les ont tranſportés dans les plaines brûlantes de l’Andalouſie. Ces eſpèces auroient peut-être réuſſi ſur les Alpes ou les Pyrénées. Cette conjecture de M. de Buffon, à qui nous devons tant de conſidérations utiles & profondes ſur les animaux, eſt digne de l’attention des hommes