Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/245

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qu’une grande familiarité n’appelle ces adorateurs juſqu’à l’eſtrade qui eſt comme le ſanctuaire du culte & de l’idole. Cependant, les divinités aiment mieux y être libres que fières ; & banniſſant le cérémonial, elles jouent de la harpe ou de la guitare, chantent même & danſent quand on les en prie.

Les citoyens les plus diſtingués trouvent, dans les majorats ou ſubſtitutions perpétuelles que leur ont tranſmis les premiers conquérans leurs ancêtres, de quoi fournir à ces profuſions : mais les biens fonds n’ont pas ſuffi à un grand nombre de familles, même très-anciennes. La plupart ont cherché des reſſources dans le commerce. Une occupation ſi digne de l’homme, dont il étend à la fois l’activité, les lumières & la puiſſance, ne leur a jamais paru déroger à leur nobleſſe ; & les loix les ont confirmés dans une manière de penſer ſi utile & ſi raiſonnable. Leurs fonds, joints aux remiſes qu’on fait ſans ceſſe de l’intérieur de l’empire, ont rendu Lima le centre de toutes les affaires que les provinces du Pérou font entre elles ; des affaires qu’elles font avec le Mexique & le Chili ;