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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/250

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même, quoique composée ſeulement de cent cinquante hommes, n’y reſte jamais plus de trois mois de ſuite. Juſqu’au commencement du ſiècle, aucune femme n’avoit osé y accoucher : elle auroit cru vouer ſes enfans, ſe vouer elle-même à une mort certaine. Les plantes tranſplantées dans cette région funeſte, où la chaleur, l’humidité, les vapeurs ſont exceſſives & continuelles, n’ont jamais proſpéré. Il eſt établi que les animaux, domeſtiques de l’Europe, qui ſe ſont prodigieuſement multipliés dans toutes les parties du Nouveau-Monde, perdent leur fécondité en arrivant à Porto-Belo ; & à en juger par le peu qu’il y en a, malgré l’abondance des pâturages, on ſeroit porté à croire que cette opinion n’eſt pas mal fondée.

Les déſordres du climat n’empêchèrent pas que Porto-Belo ne devint d’abord le théâtre du plus grand commerce qui ait jamais exiſté. Tandis que les richeſſes du Nouveau-Monde y arrivoient pour être échangées contre l’induſtrie de l’ancien, les vaiſſeaux partis d’Eſpagne & connus ſous le nom de galions, s’y rendoient de leur côté, chargés de tous les