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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/273

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Les Araucos ſont dans ces contrées les ennemis les plus ordinaires, les plus intrépides, les plus irréconciliables de l’Eſpagne. Souvent ils ſont joints par les habitans de Tucapel & de la rivière Biobio, par ceux qui s’étendent vers les Cordelières. Comme ces peuples ſont plus rapprochés par leurs habitudes des ſauvages de l’Amérique Septentrionale que des Péruviens leurs voiſins, les confédérations qu’ils forment ſont toujours à craindre.

Ils ne portent à la guerre que leurs corps & ne traînent après eux ni tentes, ni bagage. Les mêmes arbres, dont ils tirent leur nourriture, leur fourniſſent les lances & les javelots dont ils ſont armés. Aſſurés de trouver dans un lieu ce qu’ils avoient dans un autre ; ils abandonnent ſans regret le pays qu’ils ne peuvent plus défendre. Tout séjour leur eſt égal. Leurs troupes, ſans embarras de vivres ni de munitions, ſe meuvent avec une agilité ſurprenante. Ils expoſent leur vie en gens qui n’y ſont pas attachés ; & s’ils perdent leur champ de bataille, ils retrouvent leurs magaſins & leurs campemens par-tout où il y a des terres couvertes de fruits.